La 1e fois que j'ai visité la ville, je l'ai trouvée horrible et triste. Je ne suis pas une grande fan de Perret et alors pour le coup, j'étais servie ! Béton, uniformisation des habitations, absence de couleur, classique dans sa construction, le vent qui s'engouffre au croisement des différentes artères... Rien ne me séduisait dans cette ville et j'évitais d'y aller. Pourquoi Le Havre est depuis juillet 2005 classé au Patrimoine mondial de l’Unesco ?
Je me suis penchée sur la question, j'ai appris à la regarder différemment et finalement, cette ville n'est pas si désagréable surtout quand pointent les premiers rayons du soleil. Elle peut en plus s'enorgueillir d'avoir une activité culturelle dense, ce qui a été le cas en l'occurence cette année pour les 500 ans de la construction de la ville. Retour sur l'histoire de cette ville si singulière...
Le Havre a été fondée au 16e siècle par François Ier; Mais c'est entre 1850 et 1914,qu'elle connaît son âge d'or sous l'effet de la révolution industrielle ; c'est plus que jamais « la porte de l'Amérique » qui reçoit des produits tropicaux et d'où partent les émigrants vers le « nouveau monde » avec l'ère des paquebots transatlantiques.
Pendant la 2e guerre mondiale, Le Havre est en zone occupée. Les allemands transforment la ville en base navale afin d'y préparer un débarquement au Royaume-Uni. De très nombreux bombardements alliés visant le port et les usines font de nombreuses victimes civiles parmi les Havrais qui n'ont pas pu ou pas voulu partir en exode. Les raids s'intensifient après le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. Les destructions les plus importantes surviennent les 5 et 6 septembre 1944 quand les Britanniques bombardent le centre-ville et le port.
C'est parmi les grandes villes de France la plus touchée, l'une des plus sinistrées d'Europe, avec 5 000 morts, le centre-ville n'est plus qu'une immense ruine 5500 immeubles sont réduits à l'état de gravats et seuls 2500 sont restés, 21 000 logements sont détruits sur les 48 000 de l'avant guerre, 31 000 Havrais sont sans toits. C’est le caractère extrême de cette situation, qui conduit le ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme, Raoul Dautry, à confier le projet de reconstruction du centre-ville du Havre à l'atelier Perret au printemps 1945. Les travaux vont durer jusqu'en 1964. La population du Havre a connu le deuil consécutif aux bombardements, le traumatisme de la ville rasée, la précarité de la vie dans les baraquements, puis l'incompréhension devant cette reconstruction. D'abord critiqué par ses habitants, le centre reconstruit a révélé progressivement ses qualités d’usage et les havrais sont désormais fiers de leur ville.
LE PLAN DE LA VILLE DU HAVRE
Perret et ses anciens élèves se regroupent pour former un Atelier de reconstruction du Havre. Le chantier du Havre lui offrira, ainsi qu'à ses élèves, un gigantesque terrain d'expérimentation. Ils imaginent une «ville neuve» destinée à reloger les 40.000 habitants du centre-ville. Le centre-ville comprend environ 10.000 logements répartis sur environ 150 îlots orthogonaux. A l’intérieur de cette grille, la rue de Paris, l’avenue Foch et le Bd François 1e forment un triangle reprenant la position et la fonction qu’ils occupaient avant la guerre. De même, certains édifices sont réinscrits : Hôtel de ville, Bourse, Halles, Eglises… Des barres et des tours sont agencés en îlots de logements.
CENTRE
La reconstruction est basée sur une trame constructive de 6.24m, mesure divisible par 2 et par 3, le tracé des rues s’adapte alors à ce quadrillage. Toute la ville repose sur ces dimensions ce qui crée de l’harmonie et une unité. Pour gagner en économie et en rapidité ont été mis au point des méthodes de standardisation et de préfabrication en usine. Les 1e édifices de la reconstruction sont construits entre 1946 et 1950 autour de la place de l’Hôtel de ville et sont acquis par les sinistrés sur leurs dommages de guerre. Si la conception de ces logements est en partie guidée par des objectifs de réduction de coûts, ils sont néanmoins très fonctionnels et offre des prestations exceptionnel par rapport aux critères de l’époque : bonne isolation phonique et thermique, salles de bains, placards encastrés, vide-ordures, garages à vélos, caves en sous-sol, garages à automobiles, ascenseurs au-delà de quatre étages... La plupart des biens reconstruits dans le centre sont soit des propriétés publiques, soit des «copropriétés», un concept novateur pour l'époque qui va être étendu à l’ensemble de la ville reconstruite. La grande majorité des logements est conçue pour des classes moyennes.
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