Amiens possède surtout la plus vaste cathédrale gothique de France, deux fois plus grande que Notre-Dame de Paris. Sa longueur est de 145 mètres et sa hauteur sous voûte de 42,30 mètres. Ses plans furent confiés à Robert de Luzarches auquel succédèrent Thomas de Cosmont puis son fils Renaud. La construction de la cathédrale d'Amiens a été importante pour le développement de la rationalisation des chantiers médiévaux et la taille en série des pierres. Dès le début de la construction en effet, Robert de Luzarches avait conçu quatre types différents de pierres qui furent fabriquées en série. Les pierres utilisées provinrent surtout des grandes carrières de Picquigny et furent acheminées par bateau sur la Somme. Les travaux de construction débutèrent en 1220 et la nef fut achevée vers 1230. Vers 1236, la grande façade s'élevait déjà jusqu'aux corniches situées au-dessus de la rosace, et la base du transept était édifiée. En 1269 le chœur fut terminé. 1288 est la date retenue pour la fin de l'édification de la cathédrale même si les tours de la façade occidentale n'étaient toujours pas terminées. Cela donne à Notre-Dame d'Amiens une unité architecturale qui n'existe que rarement.
De 1290 à 1375, on construisit les chapelles latérales de la nef, non prévues dans le plan initial. À la Révolution, Notre-Dame d'Amiens a fort peu souffert comparativement à bien d'autres sanctuaires français. Restaurée au 19e par Viollet-le-Duc qui avait dressé un rapport alarmant sur l'état de la cathédrale, peu ou pas entretenue au cours du 18e et du début du 19e siècle, il procéda à une restauration parfois controversée de l'édifice tout au long d'une période de 25 ans. Il y a en effet incorporé des éléments que le monument légué par le Moyen-âge n'avait jamais possédés. Il ajouta ainsi, au sommet de la grande façade, une galerie visant à réunir les deux tours : la galerie des Sonneurs. En mai 1940, lors des bombardements allemands qui affectèrent gravement la ville, la cathédrale fut également quasi miraculeusement épargnée. La façade occidentale est harmonique, c'est-à-dire comportant trois portails, trois niveaux d'élévation et deux tours. Chacun des trois portails est surmonté d'un gâble triangulaire, doté en son centre d'une décoration tréflée. Le grand gâble du portail central supporte à son sommet une statue d'ange sonnant la trompette, statue placée à cet endroit au 19e siècle par Viollet-le-Duc en remplacement d'une statue de Saint Michel terrassant un dragon.
Les portails de la façade ouest présentent tout un programme théologique. Le grand portail central ou portail du Jugement dernier, encore appelé parfois portail du Beau Dieu, est entouré de deux autres portails plus petits : celui de la Mère-Dieu, à droite au sud, et celui de saint Firmin à gauche.
Le portail du Jugement dernier : Sur les piédroits des ébrasements se trouvent les grandes statues des douze apôtres entourés des quatre prophètes principaux. En dessous, des sculptures que je trouve très intéressante. Le tympan au-dessus du grand portail est décoré d'une représentation du Jugement dernier, il est subdivisé en trois registres. Au niveau inférieur du tympan, les ressuscités sortent de leurs tombeaux au son de la trompette. L’archange St Michel et sa balance sont présents au milieu d'eux pour peser les âmes. Au bas de la scène, un démon essaie de tricher en faisant pencher l'un des plateaux de son côté. Au registre intermédiaire, les damnés sont séparés des élus et, entièrement nus, poussés par des démons, se dirigent vers la gueule d'un monstre, le Léviathan. Au registre supérieur, le Christ sur son trône, les mains levées, le torse dénudé afin de montrer ses blessures, est entouré de la Vierge et de saint Jean qui agenouillés intercèdent en faveur du salut des âmes, ainsi que d'anges qui portent les instruments de la Passion. La représentation de l'enfer et du paradis : au paradis, on voit d'abord les âmes recueillies dans le giron d'Abraham. Elles se dirigent ensuite vers une cité qui représente la Jérusalem céleste. L'enfer tel que représenté est semblable à celui de Notre-Dame de Paris. On peut y voir une marmite et des cavaliers nus juchés sur des chevaux cabrés. Ils évoquent l'Apocalypse. Au centre du portail central, au trumeau, se trouve une statue du Christ sauveur, le « Beau-Dieu d'Amiens », représentation du Christ. Il s'agit d'un Christ enseignant. Debout, vêtu d'une longue tunique, il a les pieds posés sur un dragon et un lion et tient de la main gauche un livre fermé, tout en bénissant de la main droite.
Le portail de St Firmin lequel est représenté au trumeau. Le tympan du portail relate l'histoire de la découverte du corps du saint. De chaque côté du portail se trouvent six grandes statues ; la plupart d'entre elles représentent des saints dont les reliques étaient exposés chaque année au-dessus du maître-autel.
Le portail de la Vierge est consacré à la Vierge. Au tympan, on trouve au registre inférieur une série de six personnages de l'Ancien testament, les ancêtres de la Vierge. La mort et l'assomption de la Vierge sont représentés au niveau du registre moyen, et enfin on assiste à son Couronnement au paradis, au registre supérieur. Au trumeau se trouve une grande statue de la Vierge foulant le Mal, représentésous la forme d'un animal fantastique griffu à tête humaine. Les statues qui ornent les ébrasements des piédroits latéraux sont groupées deux à deux, elles représentent trois épisodes importants de la vie de la Vierge Marie : l’annonciation,la visitation et la Présentation de Jésus au Temple. À gauche, de l'extérieur vers l'intérieur, on trouve la reine de Saba, le roi Salomon et le roi Hérode puis trois mages. La base du trumeau comporte des bas-reliefs consacrés au péché originel, thème souvent associé à la Vierge. Cette association se retrouve notamment au trumeau du portail de la Vierge de Notre-Dame de Paris.
A l’intérieur, la pièce maîtresse est un labyrinthe octogonal situé au niveau de la cinquième travée de la nef. Il est long de 234 mètres. Au Moyen Âge, certains pèlerins venus vénérer les reliques le parcouraient à genoux. Ils devaient pour cela suivre la ligne noire. Au centre de cette pièce, une croix orientée sur les points cardinaux est entourée de 4 personnages : les trois architectes de la cathédrale et l'évêque Evrard de Fouilloy. Cette pierre est datée de 1288 est une copie de l'originale, laquelle a été transférée au musée de Picardie.
La mise en lumière polychrome de la cathédrale les soirs d’été lui rend son éclat médiéval.
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